Robuste et fonceur, combatif et têtu, Yves (...) , 59 ans, prend des allures de sanglier. Lui, c’est un passionné de chasse mais aussi et surtout un collectionneur d’armes. «Depuis que j’ai six, sept ans, c’est ma passion », explique cet habitant de Ham-sur-Sambre. «J’ai démarré avec des petits couteaux, des canifs… »

Jusqu’il y a peu, le quinquagénaire possédait et détenait une cinquantaine d’armes à la maison. «Des 7.64, une B9, même une grenade démilitarisée… » Et le voilà parti dans une longue énumération technique.

Yves (..) a obtenu les autorisations pour détenir toutes ces pièces. Mais le 24 février 2012, les enquêteurs de la police judiciaire de Bruxelles effectuent une perquisition dans son domicile jemeppois. «Je ne connais toujours pas le motif », souffle le prévenu. Les enquêteurs constatent au passage que le Hamois ne respecte pas les règles de sécurité imposées quand on est à la tête d’un tel arsenal. «Plus on possède d’armes, plus les conditions sont strictes », résume Étienne Gaublomme, pour le procureur du Roi. «Il faut placer les armes dans une pièce, les munitions dans une autre. Il faut sécuriser les lieux avec une porte blindée, dans une pièce qui n’a pas d’accès vers l’extérieur, il faut un extincteur… » Et Yves ne respectait pas grand-chose de tout ça.
«Mais tout est fait pour qu’on ne puisse pas me les prendre », insiste-t-il. «J’ai été cambriolé à deux reprises et on ne m’a jamais volé d’armes. Elles sont mises à place. Et puis, j’ai des chiens… méchants!» Voilà qui effraie peut-être les cambrioleurs, mais pas la Justice et les autorités.
Constatant les infractions, les services du gouverneur ont retiré les autorisations au Jemeppois. La détention d’armes était donc devenue illégale.
«C’est à ne plus rien comprendre, se lamente-t-il. Chaque année, on me réclame 323€ pour ma taxe pour la chasse. Et là, on accepte mon argent… »
Mais Yves (...) ne désarme pas. Aux mises en garde administratives, succèdent les rappels à l’ordre judiciaires. Et rien n’impressionne le Jemeppois.
«Ils voulaient que j’abandonne mes armes. Mais c’est tout mon patrimoine. Y’en a bien pour trois millions de francs belges », s’insurge le prévenu. Le collectionneur préférera même la prison à l’abandon de ses fusils de chasse. Il passera finalement cinq mois derrière les barreaux. Yves (...) finira par céder.
«Il a connu un divorce difficile et il ne savait pas s’il allait pouvoir conserver sa maison. Dans ces conditions, il était difficile pour lui de se lancer dans des aménagements importants », avance (...) l’avocat de la défense. Le conseil d’Yves (...) demande même l’acquittement. «Mon client n’a jamais connu les motifs de la perquisition. On ne trouve rien dans le dossier. » Et si cette première perquisition est illégale, toute la suite de la procédure tombe à l’eau.
Le 19 janvier prochain, date du jugement, Yves (...) saura si oui ou non il a eu raison de ne pas déposer les armes."

MD